jeudi 20 septembre 2012

37. un "p'tit blanc"

aujourd'hui , je reprends mes notes et mes mails de cette période de fin avril et je constate un p'tit blanc . . . quelques jours , seulement 2 ou 3 , où j'ai prétexté aux miens que je ne captais pas bien internet et où j'ai raconté à mes amis que je n'avais pas trop le temps d'écrire tant j'avais à découvrir !

Mensonge ? . . . non , pure précaution de ne pas les inquiéter , et pas trop envie de parler d"un fait divers qui me déstabilisait !

en évoquant le "fait divers", phonétiquement " divers " m'évoque " hiver " . . . 

je quitte donc ce joli palace en direction de Azrou , petite ville dont on m'a dit du bien et qui me rapproche de Aïn Leuh où je suis investie d'une " mission " dont je vous parlerai plus tard .


en direction d'Azrou , je suis interpelée par une femme qui fait de grands gestes sur un parking , juste en face d'un ptit bistrot à tajines . Il est midi et elle me rappelle les serveurs d'antan , sur le vieux port de Marseille , qui interpellaient les passants en leur vantant les mérites de leur bouillabaisse !



je m'arrête donc et je ne le regretterai pas !
d'abord , l'ambiance très chaleureuse , la complicité des gens qui y travaillent , les effluves d'épices qui m'entourent , tout contribue à prédire un joli moment !
on m'offre le thé , puis on prend des photos , on pose des questions , on interpelle les gens de la table voisine et on fait de moi le centre de la conversation ! . . . je n'aime pas trop ces situations où mon ptit gabarit prend autant d'importance , alors j'en pose aussi des questions et je m'intéresse à leur vie . On fouille dans la voiture les quelques échantillons de crèmes et maquillage et on fait la distribution . . .

petite parenthèse : je vois arriver une autre jeune-fille (du bistrot d'à côté) qui aimerait bien aussi un petit rouge à lèvres , un bleu pour ses paupières et le sent-bon qui va avec !! ...
tout est très simple , là ! pas de faux-semblant ! et j'aime , j'aime , j'aime !!





le tajine est un pur délice . chacun recevra la palme " Best Road Tajine " !





le séjour à Azrou


il fait froid ! ouais, froid !! on est à 1500 m , au sud de Fès , à proximité d ' Ifrane .

j'arrive assez tôt , et sous la pluie , dans l’après-midi du jeudi 26 avril dans cette petite ville et j'opte pour un hébergement - gîte . L'endroit est sympa , on me prête une clé 3 G pour la connexion internet , et je pense y rester 2 jours , histoire d'aller me balader à Aïn Leuh et de profiter des paysages alentours .

Il pleut , le froid me tétanise . La chambre n'est ni isolée , ni chauffée . Pas plus de 6° . . . un petit poêle dans un coin , mais pas de bois , et le tuyau rouillé et percé me laisse imaginer la mort certaine au bout de la nuit ... brrrrrrrrr ! froid dans le dos !!


le 30 avril , quelques flocons de neige ont marqué la journée . . . je n'étais pas venue là pour skier , mais bon . . .
dans l'après-midi , j'ai osé faire une petite flambée de bois de cèdre . . . un vrai bonheur , ce cèdre qui dégage des senteurs relaxantes !


la voiture est recouverte d'une couche de glace blanche le matin , mais en espérant voir le soleil arriver , je bosse un peu , je dors , je travaille mes photos , je m'occupe et je pense à mon projet " mon école nomade ". . . toute emmitouflée dans un duvet de haute montagne digne d'un himalayen . . .(yesssss ! trop forte, j'avais prévu !)




l'endroit est joli , Kadija me confectionne des tajines à tomber !! et pendant les éclaircies , je fais un tour dans la ville , me hasarde sur les chemins de montagne et prend la poudre d'escampette aussi souvent que je peux !

j'aime ce pays berbère malgré le mauvais temps qui s'installe et m'encourage à descendre au plus vite vers le Sud .
Cependant , je vis au rythme de la maison et partage les repas de la famille plussss comme une invitée qu'une cliente des lieux . . . je vis ici , en toute liberté d'horaires et de temps .
Mon hôte est agréable et me raconte des histoires de berbères ! je suis là pour m'imprégner de cette  culture et j'apprends beaucoup sur les conditions de vie , ici , car nous parlons des heures durant.

ce que j'ignore , c'est que dans quelques heures je vivrai dans l'angoisse et que son intérêt pour mes recherches était pure stratégie . . .
j'ai un autre regard , aujourd'hui , . . . méfiant , certainement !

je vais libérer ma chambre car de nouveaux arrivants ont débarqué au gîte et par sympathie , je propose de céder la chambre . Mon hôte me propose de squatter la salle commune après le départ des gens qui l'occupent jusque vers 21 heures .
Cette solution ne me déplaît pas pourvu que je puisse bosser tranquille sur mes photos du jour .

Au repas une délicieuse omelettes aux morilles , fraîchement cueillies dans la montagne , que je partage avec des belges , des hollandais et un couple de français fort sympathiques .

Lorsque les occupants quittent les lieux , je m'installe pour bosser . Mon hôte s'installe en face de moi et reprend notre dialogue sur les Berbères , même discours que j'entendais depuis 2 soirs .

un pré-sentiment ? ... un ambiance malsaine plane tandis qu'il évoque , pour la nième fois , la vie des berbères , leur politique , leur quotidien . . . le tout accompagné d'une bouteille de vin rosé à haut degré !
je ne bois pas , je me prépare un café . . . la nuit prévoit d'être longue et je dois rester vigilante ! son attitude change , il aborde des sujets privés .
je me sens en danger et prétend devoir répondre immédiatement aux messages de " mon mari " via internet .

j'ai peur et refuse de le montrer . je me sécurise en écrivant à des amis , mais il est plus de 23 heures et personne sur le net ne me tendra la main réconfortante que j'espère tant !

je garde calme et self control quand il devient plus pressant et j'évite les mots qui énervent et contrarient un homme en état d'ivresse. au contraire , j'espère qu'il boira vite et beaucoup pour sombrer . . .
heureusement une large table de ferme nous sépare et l'écran de mon ordinateur cache les va et vient de sa main pendant que l'autre continue à se servir du vin ! . . .

je reste calme et sereine , en apparence , évitant tout éclat de voix , toute phrase blessante , alors qu'au fond de moi , j 'ai envie de lui fracasser la tronche !

il est plus de 4 heures du matin quand il accepte de quitter la pièce mais aucun moyen de fermeture de cet endroit ne me garantit la sécurité et je vais attendre , éveillée , la fin de la nuit.
aucun chauffage , là. aucune autre possibilité de m'isoler . . . mon duvet de l’Himalaya , posé sur mes épaules , devient mon seul refuge. 

j'écris longuement à R . pour rester réveillée et aussi pour exprimer ma peur et mon angoisse et les partager dans cette semi-obscurité . Pas de réponse , bien sûr , car il dort et il est loin de se douter de c ' que vit la p ' tite Renée !

au petit matin , je suis contente de voir le jour se lever . Pour moi, le soleil rayonne , même s'il fait -10° et c'est toute guillerette que je range la voiture pour lever l'ancre . Nous sommes le 1er Mai !

quand il descendra vers 8 h , accompagné de son fils , je lui demande ma note . mon regard est direct et glacial . j'aime regarder les gens en face , je déteste les non-dits et les gens qui se débinent !

pas d'adieux , pas de mot gentil , je m'en vais soulagée vers d'autres horizons plus chaleureux !


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